TDAH


Un diagnostic difficile à établir
Le TDAH est le diagnostic pédopsychiatrique le plus fréquent. Mais de quoi s’agit-il exactement? Expliqué simplement, on peut le définir comme une condition neurologique caractérisée par l’inattention, l’impulsivité, avec ou sans hyperactivité.
Le TDAH n’est toutefois pas facile à diagnostiquer. Comme il s’agit d’un problème de santé mentale, les spécialistes ne disposent pas d’un marqueur biologique qui leur permet de diagnostiquer avec certitude qu’un enfant souffre de TDAH ou non. Ils ne peuvent que se fier à une série d’observations, récoltées auprès des parents, enseignants, éducateurs, et toute autre personne qui s’occupe régulièrement de cet enfant.
Le TDAH est également difficile à diagnostiquer, parce qu’il ne vient habituellement pas seul. La plupart du temps, il est accompagné de troubles d’apprentissage, de problèmes d’anxiété, de troubles de comportement ou d’opposition, ou d’autres problèmes du genre. C’est ce que les spécialistes appellent la comorbidité.
Les spécialistes sont toutefois formels sur le fait qu’il est possible de déceler le TDAH dès l’âge de 3 ans. Mais attention, il ne s’agit pas ici d’étiqueter comme TDAH tout enfant moindrement agité ou immature. Certains enfants se démarquent toutefois radicalement des autres dès la petite enfance, au point où ils peuvent se faire ostraciser par leurs petits camarades du même âge ou même se faire expulser de la garderie.
Les tout-petits atteints de TDAH manifestent rapidement certains comportements très caractéristiques qui peuvent s’observer dans une salle de jeux.
«La salle de jeu, c’est presque un piège pour un enfant qui a un déficit d’attention. Il y a tellement d’objets. L’enfant qui est trop stimulé par l’environnement est incapable de choisir un jouet. Il tourne en rond… Il regarde un objet… Ces enfants, même s’ils choisissent un jouet qu’ils aiment beaucoup, ils sont incapables de persister plus de 30 secondes. Une foule de détails font que l’enfant manifeste des signes d’immaturité dans son comportement, des signes d’immaturité suffisamment sévères pour nuire à ses capacités d’apprendre, à sa sécurité, à sa socialisation.
Autre trait caractéristique des tout-petits TDAH : ils ont tendance à jouer seuls et à ne pas coopérer avec les autres enfants. Mais est-ce vraiment si grave, à un si jeune âge, que les enfants ne collaborent pas avec leurs pairs?  «Ce n’est pas si grave, mais quand les enfants entrent à la maternelle, on s’attend à ce qu’ils soient capables de faire de la coopération, de travailler en équipe. En 1re année, ils ont des projets de travail d’équipe. Mais pour les enfants TDAH, le travail d’équipe c’est un défi.
Pour établir un bon diagnostic, les spécialistes font passer aux patients une série de tests pour vérifier s’il s’agit bel et bien d’un trouble de l’attention, ou plutôt d’un autre trouble d’apprentissage.
Lorsqu’on se questionne sur le TDAH, on ne peut pas seulement évaluer l’attention, car parfois, d’autres troubles peuvent se présenter comme un problème de l’attention, mais ce n’est pas ça. Par exemple, un jeune peut avoir des troubles de mémoire, mais les manifestations au quotidien peuvent donner l’impression aux parents et aux enseignants que le jeune n’est pas attentif. Mais à l’aide de tests, ce qu’on peut voir en isolant différentes capacités d’attention, c’est que ce jeune peut très bien réussir ces tests, et on va voir que son attention est bonne, mais il pourrait par exemple moins bien réussir aux épreuves qui évaluent la mémoire à long terme. C’est là qu’on va pouvoir comprendre l’origine exacte du trouble.
L’épineuse question des médicaments
Le nombre d’ordonnances de psychostimulants [Ritalin, Concerta et autres] a presque quintuplé entre 2000 et 2009. 
Les psychiatres ont trop souvent tendance à médicamenter les enfants souffrant du TDAH. Le problème que posent ces médicaments, c’est qu’ils ne représentent pas un traitement curatif : S’il s’agissait d’un médicament qui guérissait, et qu’on était certains du diagnostic hors de tout doute, la question ne se poserait pas. Le problème, c’est qu’en santé mentale, l’évaluation et le diagnostic se font plus sur un regard que l’évaluateur va porter sur le comportement de la personne en face de lui.  Ce que la médication va faire, c’est qu’elle va effacer les symptômes. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il n’y a pratiquement aucun psychotrope qui soigne une personne. Ça va juste normaliser le comportement. Mais comme ça ne guérit pas, on ne solutionne pas le problème de l’enfant.
Il existe d’autres approches qui permettent d’aider les patients aux prises avec le TDAH, mais ces approches nécessitent la collaboration de différents professionnels de la santé, et bien sûr du patient. Mais si le patient veut une pilule miracle pour solutionner son problème, c’est certain que ça ne changera pas les choses. 
À l’opposé, plusieurs spécialistes considèrent que la prise de psychostimulants est la meilleure voie à suivre pour aider les enfants atteints de TDAH. Selon plusieurs experts, les médicaments de la famille du Ritalin sont parmi les plus étudiés dans le monde et seraient sécuritaires. 
Des études longitudinales démontrent également que parmi les jeunes qui souffrent d’un TDAH, ceux qui prennent des médicaments s’en sortent mieux que les autres. L’une de ces études a notamment démontré que les jeunes atteints de TDAH qui n’ont pas été traités avec un psychostimulant éprouvent beaucoup plus de problèmes que les autres lorsqu’ils parviennent à l’âge adulte : plus d’échecs scolaire, plus d’accidents de voiture graves, plus de grossesses non planifiées pour les filles, davantage de problèmes judiciaires…

L’approche multimodale
La médication est très efficace sur l’attention, la concentration et la capacité de filtrer les stimuli extérieurs qui ne sont pas utiles. De ce point de vue, elle est très efficace. Mais par contre, le comportement d’un enfant est beaucoup plus complexe que l’attention. Il comporte beaucoup d’autres composantes émotionnelles, affectives, motrices, etc. pour lesquelles le médicament ne fait pas effet.
La stratégie à suivre : traiter le plus vite possible
Malgré toutes les difficultés que les jeunes atteints de TDAH peuvent rencontrer au cours de leurs parcours scolaire, ils ne devraient toutefois pas faire une croix sur des études collégiales et universitaires. 

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